mardi 10 avril 2012

Texte du tableau

Voici le texte que j'utiliserai sur la toile apposée au mur. Texte que j'ai écris, retravaillé, etc.



 On m’a élevé volage, libre. Flottant avec harmonie avec le pollen des hautes herbes, légèreté d’oiseau. Brise qui ébouriffe mon échine. Mes mains dans cette terre, cette poussière nourricière, la laissant tomber en s’infiltrant entre mes doigts. Retombant comme ces chutes d’eau qui se fracassent sur des rochers anciens. Ces odeurs qui chatouillent mes narines, m’émeuvent en un battement de paupières. On m’a élevé captif. Attentif. Scruter avec tous mes sens la beauté des écosystèmes. Mon œil est une loupe, je vois, tout est plus clair. Comment tout est coordonné, comment tout s’enchaîne. Nous, on obéissait aux leçons de nos consœurs, les bêtes sauvages. Car nous étions libres et sains et bien comme elles l’étaient, nous étions aussi sauvages, déambulant dans cette immensité de calme. Madame la tortue m’avait enseigné l’importance de la prudence et de ne pas précipiter nos décisions. Le loup m’a enseigné la loyauté lorsque je le contemplais avec sa compagne, fidèle. Monsieur le bison m’a proposé de favoriser un temps de réflexion sur le sens de la vie et la valeur de la paix. Réflexion que j’ai voulu approfondir et faire perdurer. Mère la chouette qui m’a enseigné la sagesse de transformer nos points faibles en points forts. À la manière des troupeaux, des clans de sœurs et de frères mêlaient leur sang en chantant, accompagnés d’un tambour Pueblo et de longues plaintes des flûtes de cèdre des grands chefs guerriers. L’esprit des vents. Les animaux étaient mes égaux, mes amis, mes semblables, mes inspirations. Ils étaient mes professeurs. Je ne pouvais concevoir leur faire du tort. Des bijoux. Puis mon petit cœur de petit homme s’est fait écrasé à petits coups de pilon comme ceux qu’a donnés ce petit garçon d’Europe sur de tous petits papillons. Sur mes papillons. J’ai vu le sourire, la satisfaction qui se dessinait dans ses yeux, sur ses lèvres. Je ne comprenais pas. Puis j’ai vieilli auprès d’étrangers qui me montraient leur menton. Je m’inclinais, comme ont commencé à faire mes amies les bêtes. Ils m’ont déshérité d’un cosmique de feu, d’air, d’eau et de terre. Ils m’ont déraciné de cette forêt lianeuse qui s’entortillait autour de mes jambes, au gré des saisons. Ils m’ont volé ce monde de loups m’hurlant en chamaille leur souffrance. Quel gâchis. J’ai 500 ans d’âge, je suis maintenant parmi vous. Pour vos pilules vénéneuses, vous piquez mes lièvres, lepus, inspirantes frivolités. Pour vous divertir, vous ornez de coups des bêtes mythiques, imposants ivoires éléphantesques. Honteuse réalité, vous destructeurs. Pour votre image, cette image salie et répugnante, vous tuez des animaux sages, les découpez en morceaux et les transformez en zipper tendance. Vous chassez d’un territoire à l’autre tous les êtres vivants dignes qui nous ont guidés, nous, leurs protecteurs. On m’a parlé d’un certain Descartes. Il vous a dit de dominer le monde, de profiter des ressources et d’exploiter les animaux à vos fins. Mon maître guerrier, à moi m’a dit qu’il fallait que je respecte ce que mère nature m’a donné et que je vénère mes confrères, que nous appartenions tous au même cycle de la vie. Que la raison n’est pas une composante valable pour que j’abuse d’eux. Vous, étrangers étrangleurs, vous n’êtes pas capables d’être heureux dans le chaos que vous avez vous-mêmes créé, votre désolation. Moi, j’étais pur, sain et enraciné au mode de pensée naturel. Voyez comment JE suis bien.

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